Comme dans la triade 19, (se souvenir de toute chose passée jusque dans Annwn) cette triade rappelle que la connaissance spirituelle repose sur l'accumulation d'expériences les plus diverses et leur remémoration.
Ceci nous montre que c'est là un des buts de la vie : passer par toutes les expériences, les éprouver et les évaluer car c'est un enrichissement. En même temps, cela amène à faire un choix et donc nous permet d'en connaitre la liberté et par là même d'en obtenir la dignité. Tous ces éléments sont absolument nécessaire pour qu'il existe une évolution spirituelle dans l'humanité.
Cette triade nous montre que ce qui compte n'est pas la conformation à un modèle, mais au contraire la complétion des caractéristiques propres de chacun des individus. Le sens de la vie n'est pas l'uniformisation, mais la diversification et la perfection de chacun des êtres définitivement créé par l'acquisition de son corps spirituel, concernant en particulier :
Ainsi, chaque être n'a autre chose à faire qu'à cultiver ses qualités spirituelles propres et ce n'est qu'en cela que réside l'accomplissement. Ce n'est qu'en celà que réside fondamentalement le Bien.
Qu'est-ce qui différencie fondamentalement Dieu de tous
les autres êtres vivants? C'est la faculté de
supporter l'éternité de Ceugant qui est immuable,
la participation de toute chose sans en être
affecté. Cela signifie que Dieu n'a pas de jugement des
situations qui sont vécues et que, s'il est l'essence de
chaque vie, jamais il n'en est séparé. Il ne subit
pas le poids des expériences et garde à tout moment
le désir et la compassion intacte, ce qui lui permet
malgré les souffrances qui peuvent être
endurées, de rester dans l'acte de création ou de
recréation perpétuelle.
Ceci dit, il ne faut pas voir ce Dieu comme une forme
personnifiée.
Il est certain que l'être humain approchant la perfection
de son Awen, tel Le Christ lorsqu'il dit : "Ecce Homo"
(Je suis L'homme accompli), donne une indication sur le
sens de cette évolution qui rapproche l'homme de la
divinité.
Mais alors, ce n'est pas Dieu qui devient humain mais
l'être humain qui a traversé Gwenved et qui
s'identifiant totalement à Dieu s'approche de Ceugant et
peut parfois y subsister.
Dans le Bardo Thödol, la confrontation de l'esprit du mort avec la forme la plus élevée de la divinité, qui peut sans difficulté être rapprochée de Ceugant, donne l'idée la plus juste qui soit de cet état :
Une fois les choix effectués et l'accession à
Gwenved réalisée, les principes de l'existence dans
leur forme les plus épurées de souffrance
subsisteront car elles sont nécessaires à la
préservation de la vie. La vie et la jouissance sont
l'expression de l'activité créatrice et resteront
comme un acquis éternel jusqu'à ce que la
divinité retourne au repos.
Mais les êtres accomplis resteront définitivement
vivants en Elle, sous une forme qu'il nous est difficile
d'appréhender car nous en sommes encore trop
éloignés.
La mort existe y compris en Gwenved mais sous une forme totalement consciente et acceptée. Elle reste indispensable car l'éternité n'est pas accessible sans une identification totale à la divinité. Mais elle permet d'apprendre encore et de conserver la jeunesse et la beauté.